Consultation infirmière : rôle, déroulement, tarifs et prise en charge

Consultation infirmière : rôle, déroulement, tarifs et prise en charge

Le métier d’infirmière évolue profondément, et ton rôle dans le parcours de soins s’élargit bien au-delà des actes techniques. Tu observes, tu analyses, tu accompagnes, tu éduques… La consultation infirmière est l’un des symboles forts de cette évolution. Longtemps pratiquée sans cadre explicite, elle est désormais officiellement reconnue par la loi de 2025. Cette reconnaissance change la donne.

Dans cet article, on fait le point sur ce qu’est ce type de consultation, son déroulement, les éléments du cadre légal, les compétences indispensables pour la mener. On parle les formations possibles et des perspectives d’évolution dans ta pratique.

Qu’est-ce qu’une consultation infirmière ?

C’est un temps dédié à l’évaluation, à l’écoute et à l’accompagnement. Elle s’appuie sur ton rôle propre : surveiller l’état de santé, prévenir les risques, informer, soutenir l’autonomie et poser un diagnostic infirmier.

Elle permet d’aller au-delà des actes techniques : habitudes de vie, douleur, adhésion thérapeutique, difficultés psychosociales ou risques de fragilité.

En libéral comme en établissement, elle offre un cadre structuré pour organiser un suivi cohérent, anticiper les complications et renforcer la prévention.

La définition officielle

Le Conseil national de l’Ordre a partagé dans un communiqué de presse, le 30 septembre 2025, la première définition officielle, en continuité avec la loi du 27 juin 2025 (n°2025-581).

Selon cette définition, tu recueilles des données de santé. Tu réalises un examen clinique et poses ton diagnostic infirmier à partir de données probantes, en co-construction avec le patient.

Tu peux informer, conseiller, prescrire dans ton champ de compétences, orienter, prodiguer des soins, organiser des séances éducatives et mener des actions de prévention. L’entretien peut être initié par toi, par un autre professionnel, ou à la demande du patient, en présentiel ou en téléconsultation.

Cette reconnaissance s’inscrit dans une réforme plus large. La loi clarifie ton autonomie professionnelle, valorise la démarche clinique et renforce ton rôle dans le premier recours.

Vers un cadre plus clair pour la consultation infirmière

La réforme permet un cadre plus explicite autour de ce type de consultation, longtemps pratiquées mais rarement nommées.

En reconnaissant davantage l’évaluation, la coordination et l’accompagnement comme des compétences clés du métier d’IDE, elle instaure un format structuré et inscrit dans le rôle propre.

Cette évolution invite les infirmières à se former, à développer leur raisonnement clinique et leur expertise, tout en posant les limites : pas de diagnostic médical, mais une véritable analyse professionnelle IDE des besoins de la personne soignée.

Quels sont les objectifs de cette consultation infirmière ?

Ce rendez-vous a pour but d’évaluer l’état de santé d’une personne de manière globale : signes cliniques, habitudes de vie, douleur, risques de fragilité, adhésion au traitement. Il permet de repérer ce qui nécessite une action immédiate, une surveillance rapprochée ou une réorientation médicale.

Il vise aussi à renforcer l’autonomie du patient : expliquer, éduquer, ajuster les conseils, accompagner les changements d’habitudes et soutenir l’observance des traitements. Enfin, c’est un espace pour anticiper les complications, coordonner les intervenants et donner au patient des repères clairs pour comprendre son parcours de soins.

Dans quelles situations la proposer ?

Tu peux proposer ce type de rendez-vous chaque fois qu’un patient a besoin d’un temps d’évaluation, d’écoute ou de suivi plus complet que lors d’un soin ponctuel. C’est particulièrement utile dans le cadre des maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, BPCO…), où l’observation, l’éducation et l’ajustement des habitudes de vie sont essentiels.

Il est également pertinent en prévention : repérage de la douleur, du risque de chute, de la dénutrition, du tabagisme, du stress ou de l’isolement. Il trouve toute sa place après une hospitalisation, lors d’un changement de traitement, d’une difficulté d’adhésion, ou lorsqu’un patient exprime une inquiétude, une baisse d’autonomie ou un besoin de soutien.

En pratique, ce temps d’échange devient un outil précieux dès qu’il faut anticiper, expliquer, coordonner ou accompagner, bref, dès que ton expertise infirmière peut réellement changer la trajectoire de santé d’un patient et sa vie quotidienne.

Comment se déroule une consultation IDE ?

Une consultation se déroule selon une démarche structurée, qui te permet d’évaluer la situation de la personne, de poser ton diagnostic infirmier et de définir un plan d’accompagnement.

Elle suit généralement trois étapes clés.

L’entretien initial : comprendre la situation du patient

Tu commences par un échange ouvert pour recueillir les informations essentielles, faire une anamnèse : antécédents, traitements, habitudes de vie, douleur, difficultés rencontrées, attentes et priorités du patient. C’est un temps d’écoute active qui pose le cadre de la consultation et te permet d’identifier rapidement les risques ou les fragilités.

L’évaluation : observer, mesurer, analyser

Tu poursuivras avec une évaluation structurée : signes vitaux, examen ciblé en fonction de la situation, dépistage de la douleur, analyse de l’observance, recherche de facteurs de risque (nutrition, sommeil, isolement, mobilité, cognition…).

C’est ici que ton raisonnement clinique se développe.
Cette étape peut s’appuyer sur une grille d’évaluation infirmière, comme par exemple dans le cadre du programme ICOPE, qui vise à repérer précocement les pertes de fonction chez les personnes âgées (mobilité, cognition, nutrition, vision, audition, état psychologique).

Le diagnostic IDE et le plan d’accompagnement

À partir des données recueillies, tu poses ton diagnostic infirmier : besoins, risques, priorités, difficulté majeure du patient. Ensuite, tu définis un plan d’accompagnement : conseils, prévention, ajustements thérapeutiques dans ton champ de compétence, orientation vers un médecin ou un autre professionnel, organisation d’un suivi ou de séances d’éducation.

Tu conclues la consultation en vérifiant la compréhension du patient, en fixant les objectifs pour la suite et en programmant, si besoin, la prochaine rencontre.

Quelle facturation appliquer ?

En libéral

À ce jour, il n’existe pas de code AMI dédié à ce type de consultation tel que défini par la réforme 2025. En pratique, l’IDEL facture donc les actes réalisés, conformément à la NGAP.

Cela signifie :

• tu ne peux facturer que des actes NGAP (AMI, AIS, IFD, MAU…),
• il n’existe ni tarif unique, ni valorisation forfaitaire spécifique,
• le temps d’entretien ou d’analyse clinique n’est pas facturable en tant que tel.

Tant qu’un décret ne crée pas un acte dédié (annoncé par l’Ordre, mais pas publié), la consultation infirmière n’ouvre pas droit à une facturation autonome en libéral.

Cas particulier des IPA

Pour les infirmières en pratique avancée, la situation est différente : la consultation IPA est déjà reconnue et valorisée.

Les consultations IPA sont facturées via des codes spécifiques, avec des tarifs encadrés par l’Assurance maladie. Elles concernent :

• le renouvellement de traitements dans leur domaine,
• l’ajustement thérapeutique,
• l’évaluation clinique approfondie,
• la coordination du parcours.

Les tarifs peuvent varier selon :

• le motif (première fois ou suivi),
• le lieu d’exercice (ville, MSP, établissement),
• les pathologies ciblées par le décret (insuffisance cardiaque, oncologie, psychiatrie, etc.).

Les IPA disposent donc déjà d’une reconnaissance tarifaire, contrairement aux IDEL.

Et à l’hôpital ou en structure de soins ?

En établissement de santé, la consultation infirmière n’est pas facturée acte par acte comme en libéral. Elle est intégrée au financement global de la structure (T2A à l’hôpital, dotations, forfaits décisionnels, financements prévention…).

Dans les hôpitaux, les centres de santé et les maisons de santé pluridisciplinaires, la consultation infirmière est donc :

• incluse dans l’activité du service,
• financée par la structure,
• encouragée lorsqu’elle s’inscrit dans un parcours structuré (maladies chroniques, prévention, éducation thérapeutique, gériatrie, santé mentale).

Certaines structures bénéficient d’ailleurs de forfaits spécifiques (ETP, prévention, programmes gériatriques type ICOPE, consultations mémoire, insuffisance cardiaque…) qui valorisent directement l’évaluation infirmière.

Quelles sont les compétences nécessaires ?

Tout d’abord, cette pratique mobilise ton raisonnement clinique : capacité à recueillir des données pertinentes, à analyser une situation, à poser un diagnostic infirmier et à définir des objectifs de soins adaptés. C’est une compétence centrale, qui te permet d’évaluer globalement la personne, d’anticiper les risques et d’identifier ce qui nécessite une action ou une réorientation.

Elle repose aussi sur des compétences IDE relationnelles et éducatives : écoute active, reformulation, pédagogie, capacité à accompagner un changement d’habitudes et à rendre le patient acteur de sa santé. La consultation exige de savoir expliquer simplement, rassurer, soutenir l’adhésion au traitement et repérer les freins ou les fragilités.

Enfin, elle nécessite une bonne maîtrise de la coordination et de l’orientation : connaître les ressources disponibles, travailler avec les médecins et les autres professionnels, documenter clairement ton évaluation et assurer la continuité des soins.

Selon ton domaine d’exercice, tu peux y associer des compétences spécifiques comme l’éducation thérapeutique, l’évaluation gériatrique (ICOPE), la santé mentale ou la prise en charge des maladies chroniques.

Compétences nécessaires

• Collecte de données de santé : anamnèse, habitudes de vie, antécédents, traitements.
• Examen clinique infirmier : signes vitaux, observation ciblée, dépistages.
• Raisonnement clinique : analyse des données, formulation du diagnostic infirmier.
• Évaluation multidimensionnelle : douleur, autonomie, cognition, nutrition, risques (dont repères ICOPE).
• Priorisation des besoins : identifier l’urgence, le risque, la difficulté majeure du patient.
• Compétences relationnelles : écoute active, reformulation, communication claire.
• Éducation du patient : explications, conseils, soutien à l’adhésion thérapeutique.
• Prévention et promotion de la santé : dépistage, repérage précoce, actions éducatives.
• Accompagnement au changement : motivation, pédagogie, adaptation des objectifs.
• Coordination des soins : orientation vers médecin, spécialistes, assistante sociale, etc.
• Organisation du suivi : planification, continuité, documentation de la consultation.
• Maîtrise du cadre réglementaire : rôle propre, limites, prescription dans le champ autorisé.
• Utilisation des outils professionnels : dossier de soins, téléconsultation, outils d’évaluation.

Comment se former à la consultation infirmière ?

La consultation infirmière mobilise des compétences cliniques, relationnelles et éducatives qui peuvent être renforcées par plusieurs types de formations. Selon ton projet, il y a plusieurs parcours possibles.

Les Diplômes Universitaires (DU)

Plusieurs diplômes universitaires (DU) permettent d’approfondir le raisonnement clinique, l’évaluation globale et l’éducation du patient. Les plus utiles pour la consultation sont :

• DU Raisonnement clinique infirmier
• DIU Santé publique / prévention
• DU Éducation thérapeutique (ETP)
• DU Gériatrie, santé du senior ou fragilité (très pertinent si tu utilises la logique ICOPE)
• Liste non exhaustive bien sûr…

Ces DU renforcent tes bases théoriques et t’aident à structurer tes consultations.

L’IPA : la voie la plus avancée

La pratique avancée (IPA) offre le niveau de compétence le plus élevé pour mener des consultations autonomes.
Le master IPA forme à :

• l’évaluation approfondie,
• l’ajustement thérapeutique dans un champ défini,
• la coordination complexe,
• la conduite de consultations autonomes avec valorisation financière.

C’est un excellent choix si tu veux exercer principalement en consultation.

L’éducation thérapeutique (ETP)

Obtenir la formation ETP de 40 heures est un vrai plus.
Elle t’apprend à :

• construire un diagnostic éducatif,
• accompagner les changements d’habitudes,
• animer des séances individuelles ou collectives,
• favoriser l’autonomie et la compréhension du patient.

L’ETP est très utile en consultation, notamment pour les maladies chroniques.

Les formations courtes

Si tu veux te former sans t’engager dans un long cursus, plusieurs formations courtes parfois dispensées en interne, sont particulièrement pertinentes :

• raisonnement clinique infirmier,
• entretien motivationnel,
• dépistage de la fragilité / approche ICOPE,
• santé mentale et repérage précoce,
• communication et relation d’aide,
• consultation infirmière : cadre, déroulement, outils (de plus en plus proposées depuis 2025).

Ces formations permettent de monter rapidement en compétence et d’être opérationnelle en consultation.

La formation continue interne (hôpital, MSP, CPTS)

Certaines structures proposent des formations internes :

• protocoles de consultation,
• programmes de prévention,
• utilisation de grilles d’évaluation,
• consultation d’éducation ou de suivi chronique.

C’est un excellent moyen de pratiquer directement ce que tu apprends.

Les masters

Les masters demandent une plus grande implication mais te donnent également beaucoup plus de compétences. Ils t’ouvrent une voie royale vers des postes à responsabilités ou vers la recherche.

Un article dédié leur est consacré : Quelle est la liste des masters accessibles après IDE  ?

Perspectives d’évolution professionnelle pour les infirmières

Cette démarche ouvre des perspectives professionnelles intéressantes pour celles qui souhaitent exercer autrement, développer leur autonomie ou se spécialiser. Elle constitue d’abord un levier pour renforcer ton expertise clinique : plus tu maîtrises l’évaluation, le raisonnement et l’éducation du patient, plus tu peux évoluer vers des missions de prévention, de coordination ou de suivi spécialisé au sein d’un service, d’une MSP ou d’une CPTS.

Elle peut aussi être une porte d’entrée vers la pratique avancée (IPA) si tu envisages de mener des consultations plus complexes ou de participer à des parcours de soins structurés. Certaines infirmières choisissent de se tourner vers des domaines spécifiques, gériatrie, santé mentale, maladies chroniques, santé publique, où la consultation est centrale.

Enfin, cette compétence ouvre des possibilités en enseignement, formation, gestion de projets en santé, prévention collective, ou programmes de dépistage type ICOPE. La montée en puissance de la prévention et du premier recours crée des besoins nouveaux : coordonnateurs de parcours, infirmières référentes de consultations, animatrices ETP, ou même création de consultations thématiques (douleur, plaies, fragilité, sommeil, hygiène de vie).

Cette pratique peut devenir un véritable tremplin pour faire évoluer ta pratique, élargir ton champ d’action et te positionner comme experte au cœur des parcours de soins.

Foire aux questions

Ce format te plait et t’inspire ?

Je t’invite à découvrir 10 idées de postes en prévention en santé.

+ Si tu es infirmier ou infirmière et que tu cherches à te reconvertir ou évoluer professionnellement, viens rejoindre le groupe Facebook d’IDE en quête d’évolution professionnelle et n’hésite pas à nous suivre sur les réseaux sociaux, Youtube et Instagram.

+ Si tu souhaites atteindre ta vie IDEale, viens découvrir mon accompagnement pensé par et pour des infirmières en quête d’évolution ou de reconversion professionnelle.

Rédigé par Pascaline Olivier
Relu et validé par Charlotte Kerbrat