L’éducation thérapeutique, formations et débouchés

L’éducation thérapeutique, formations et débouchés pour les infirmières

Tu aimes transmettre, vulgariser, accompagner tes patients pour qu’ils deviennent pleinement acteurs de leur santé et de leur mieux-être ? Alors l’éducation thérapeutique est faite pour toi.

Dans cet article, nous allons explorer la spécificité de l’éducation thérapeutique. C’est un domaine en plein essor qui te permettra d’approfondir tes compétences et de t’épanouir dans ton rôle d’accompagnement des patients.

Qu’est-ce que c’est exactement que l’ETP ? Dans quels domaines et à quels postes pourrais-tu exercer en tant qu’infirmière ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre ensemble.

Tu pourras également découvrir les témoignages de Barbara et Nelly, infirmières qui ont suivi une formation en ETP et travaillent aujourd’hui dans ce domaine….

Qu’est-ce que l’éducation thérapeutique ?

L’éducation thérapeutique, aussi appelée éducation pour la santé, consiste en un accompagnement structuré et personnalisé des patients atteints de maladies chroniques (diabète, asthme …) quel que soit leur âge, dans la mesure où ils sont capables d’être autonomes et de bien comprendre : de l’enfant à la personne âgée.

Cette prise en charge vise à favoriser leur autonomie, à améliorer leur qualité de vie et à optimiser la gestion de leur pathologie au quotidien.

“L’éducation thérapeutique vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. 

Elle fait partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient. 

Elle comprend des activités organisées, y compris un soutien psychosocial, conçues pour rendre les patients conscients et informés de leur maladie, des soins, de l’organisation et des procédures hospitalières, et des comportements liés à la santé et à la maladie.

Ceci a pour but de les aider, ainsi que leurs familles, à comprendre leur maladie et leur traitement, à collaborer et à assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge, dans le but de les aider à maintenir et améliorer leur qualité de vie. »

OMS

L’éducation thérapeutique s’inscrit donc dans un processus au sein duquel l’infirmière formée va se placer comme accompagnante et formatrice de son patient.

Quel est le but concret de l’ETP pour le patient ?

L’éducation thérapeutique permet au patient, par exemple, d’effectuer une auto-surveillance de sa pathologie et du traitement, de réaliser des gestes techniques comme des injections d’insuline, d’adapter les dosages si besoin etc.

Le patient devient autonome dans la “gestion” de sa pathologie, ce qui lui permet une plus grande indépendance, une plus grande liberté.

Quelles sont les formations en éducation thérapeutique pour les infirmières ?

Pour te spécialiser dans ce domaine, tu as plusieurs options :

• Un diplôme Universitaire (DU) en éducation thérapeutique 

La Sorbonne à Paris le propose par exemple. La formation dure 120 heures avec une partie théorique et une mise en oeuvre en stage.

Pour avoir une liste complète des DU possibles après IDE, je t’invite à regarder la vidéo sur le sujet.

• Le master santé publique : éducation thérapeutique et éducation en santé.

Tu trouveras un article complet sur ce master en ETP en suivant le lien 

• Une formation continue : Dispensées par des organismes spécialisés, elles te permettent d’acquérir des compétences spécifiques.

Tu trouveras par exemple plusieurs formations avec le GRIEPS comme la formation en éducation thérapeutique auprès du patient âgé.

Attention cependant, pour pouvoir mener des actions d’ETP auprès des patients, Les ARS demande de pouvoir justifier d’une formation d’au moins 40h. Il faut également s’assurer du sérieux de l’organisme de formation.

Quelles structures et quels postes pour une IDE orientée vers l’ETP ?

Une infirmière spécialisée en éducation thérapeutique peut exercer dans diverses structures et occuper plusieurs postes, chacun avec un rôle spécifique dans l’accompagnement des patients.

Voici quelques exemples :

1. Centres hospitaliers :

   – Service d’éducation thérapeutique : Diriger, coordonner et dispenser des programmes éducatifs aux patients atteints de maladies chroniques.

2. Centres de soins ambulatoires :

   – Consultations spécialisées en éducation thérapeutique : Accompagner les patients en consultation pour évaluer leurs besoins éducatifs et mettre en place des programmes d’accompagnement personnalisés.

3. Structures de soins de proximité (Centres de Santé, CLSC) :

   – Pratique en première ligne : Travailler au sein d’équipes multidisciplinaires pour offrir des services d’éducation thérapeutique de proximité à la population.

4. Établissements d’enseignement :

   – Formateur en éducation thérapeutique : Dispenser des cours et former de futurs professionnels de la santé à l’éducation thérapeutique.

5. Organismes de recherche et d’innovation en santé :

   – Participation à des projets de recherche : Contribuer à la conception, à la mise en place et à l’évaluation de programmes d’éducation thérapeutique innovants.

6. Associations et organisations de santé :

   – Coordination de projets communautaires : Organiser et diriger des initiatives de santé dans la communauté, en mettant en œuvre des programmes éducatifs.

7. Établissements d’hébergement pour personnes âgées :

   – Éducation des résidents et de leurs familles : Aider les personnes âgées à mieux comprendre leurs conditions médicales et à gérer leur santé de manière autonome.

8. Cabinets de médecins ou cliniques privées :

   – Consultations spécialisées en éducation thérapeutique : Offrir des services éducatifs spécialisés aux patients atteints de maladies chroniques.

9. Télésoins et télémédecine :

   – Conseiller en éducation thérapeutique à distance : Fournir des services éducatifs et de suivi en ligne pour les patients éloignés géographiquement.

(Si j’en oublie, laisse-moi un message en commentaire :)) 

Comment se déroule un suivi en éducation thérapeutique ?

Les séances d’éducation thérapeutique suivent un déroulement précis. Pour te donner une idée, voilà les différentes étapes suivies par les infirmières : 

1- L’élaboration d’un diagnostic éducatif. Cette phase permet de bien comprendre où en est le patient dans sa pathologie, quels sont ses besoins et attentes et sur quels domaines il faudra travailler.

2- La création d’un programme personnalisé d’éducation thérapeutique du patient. À partir du diagnostic, il va falloir établir un programme avec le patient pour lui permettre d’acquérir les compétences nécessaires.

3- La planification et le plan d’action des séances collectives et/ou individuelles. L’infirmière va mettre en place une planification des séances pour mettre en œuvre le programme d’ETP. 

“Cette phase passe par une sélection des contenus des séances, des méthodes et des techniques d’apprentissage. Elle se concrétise par des séances individuelles (d’une durée de 30 à 45 minutes) ou (le plus souvent) collectives ou en alternance. 

Les séances collectives d’une durée de 45 minutes chez l’adulte, plus courtes ou avec des pauses chez l’enfant, rassemblent au minimum 3 personnes (au maximum 6 à 8 enfants, 8 à 10 adultes). Elles sont propices au partage d’expériences.” (source HAS)

4- Une évaluation individuelle. Cette évaluation permet de faire le point avec le patient sur ce qu’il a compris, ce qu’il sait faire, comment il vit au quotidien avec sa maladie, ce qu’il lui reste éventuellement à acquérir afin d’adapter les séances et de proposer de nouvelles approches.

Témoignage de Barbara

Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?

“Alors, j’ai 39 ans, je suis infirmière depuis 16 ans. Je travaille en dialyse depuis 13 ans (centre lourd et depuis cinq ans en centre UDM) et je fais de l’ETP depuis trois ans.”

Pourquoi avoir choisi de t’orienter vers l’ETP ?

“J’ai décidé de faire la formation en l’ETP, car je voulais avoir une autre approche du patient. Une approche plus bienveillante, plus positive et plus à l’écoute du patient. En ETP, tu t’adaptes au patient et c’est ça qui est top, je trouve.”

Quelle formation as-tu suivie ?

“J’ai eu l’opportunité de la faire dans l’association où je bosse (J’avais voulu faire la formation plusieurs années auparavant, mais ma chef de service n’avais pas voulu, car j’étais trop jeune en dialyse). J’ai fait la formation avec l’IREPS Nouvelle Aquitaine juste après le confinement.”

Comment s’est passée ta formation et comment as-tu géré la formation + le travail ?

“La formation n’a pas été évidente parce qu’elle s’est faite principalement en visio. 

Après la formatrice a été malgré tout au top. 

J’ai eu jusqu’à il y a 1 mois 20% de mon temps de travail consacré à l’ETP et depuis je suis à 50% car je vais faire la formation de coordination pour être coordinatrice régionale. 

Personnellement de faire du soin et de l’ETP ne m’a jamais dérangé, bien au contraire.”

Quel est ton salaire ?

“Question salaire, je gagne environ 60€ brut de plus pour l’ETP à 20% et aujourd’hui 90€ brut pour la coordination donc ce n’est pas le salaire qui l’a motivé.”

En quoi consiste ton activité maintenant ?

“Alors mon travail consiste à aller voir les patients pour leur présenter en quoi consiste l’ETP, après, je reviens les voir quelques jours plus tard pour discuter avec eux et faire ce qu’on appelle un diagnostic éducatif partagé pour faire une sorte de bilan de leur besoin et de leur souhait. 

Ils peuvent accepter ou non de rentrer dans un programme d’ETP.

Ils peuvent avoir des besoins, mais refuser de venir, car rien est obligatoire. Sinon, ils peuvent aussi ne pas ressentir le besoin de participer à des ateliers. 

Ensuite s’ils acceptent, nous faisons les ateliers qu’ils souhaitent.

À la fin, on fait un bilan et nous fermons leur programme. Il y a aussi énormément de paperasserie à faire, de traçabilité.”

Quels conseils donnerais-tu à une IDE qui est intéressée par l’ETP ?

“Alors si une IDE me demande des conseils, je lui dirais d’abord de faire une journée d’observation pour se rendre compte du travail aussi bien auprès du patient que seule pour l’organisation et tous les papiers.

Après, il faut aimer parler et écouter les autres, faire preuve d’empathie et surtout de non-jugement.”

Témoignage de Nelly

Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?

“Je suis infirmière depuis 2004 au chu de Toulouse.

J’ai travaillé en maison de retraite puis j’ai rejoint l’hôpital en pneumologie et en réanimation.

Je travaille désormais en consultation de cardiologie, MAPA et épreuve d’effort et en parallèle, en cas d’absentéisme, au service de réadaptation cardiaque du chu.”

Pourquoi avoir choisi de t’orienter vers l’ETP ?

“Jusqu’en 2015, je ne travaillais qu’avec des patients en phase aiguë d’une chirurgie (programmée ou des urgences vitales). 

Ma pratique professionnelle était donc réalisée sur le modèle biomédical du patient, c’est-à-dire que la maladie est due à un problème organique, à une cause qui peut être guérie. Sa prise en charge est basée sur une approche curative.

À partir d’octobre 2015, j’ai intégré le service d’hypertension artérielle et thérapeutique. J’ai dû réadapter mon approche, changer ma « façon de penser » en tant que soignant face à des patients ayant une maladie chronique. 

Sa prise en charge est faite de manière « globale » : la médecine est plus « humaniste » centrée sur le malade. 

La maladie est liée à des facteurs organiques, environnementaux et psychosociaux qu’il ne faut pas négliger.

Depuis 2019, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’équipe ETP de mon service d’Hypertension Artérielle, ce qui me permet d’aborder le soin, la prise en charge du patient sous un angle bien plus complet, personnalisé à chacun d’eux. 

Multitudes de réflexions, d’interrogations, de complexités se sont posées à moi afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins du patient. Au-delà du patient, on note un grand enjeu de santé publique. Si le patient sait mieux gérer son quotidien, il aura moins de risques de décompenser.

À ce moment-là, j’avais une cadre de santé dans l’écoute de ses agents et qui était dans le management à faire progresser le personnel qui avait envie d’évoluer. Ce qui est très rare de nos jours.”

Quelle formation as-tu suivie ?

“Au début, j’ai fait les 40 heures obligatoires pour pratiquer de l’ETP qui a été faite en interne au PREFMS, je voulais ensuite faire un DU mais on ne voulait pas me le financer, car cela a un coût pour l’institution de 1000 euros. 

On était 3 IDE dont 2 à vouloir le faire, j’ai donc dit à ma collègue de le faire étant plus jeune et d’autres projets.

Du coup, j’ai demandé la formation universitaire de 40 heures qui m’avait été acceptée par la cadre supérieure, mais une fois l’inscription faite et validée, le chu a refusé le paiement. 

J’ai donc financé cette formation avec mes finances. 

L’année d’après, j’ai réitéré ma demande pour le DU qui a été acceptée.” 

Quel est ton salaire ?

“Pour le salaire, je n’ai pas de tabou, je travaillais comme une infirmière classique sauf que de temps en temps, on était détaché un mardi à tour de rôle pour gérer le recrutement des patients, convocations, bilan éducatif partagé, appels téléphoniques, mails, animation des séances, coordinateur du programme, gestion avec la SFHTA… 

Pour le même salaire qu’une infirmière “lambda”.”

Quels conseils donnerais-tu à une IDE qui est intéressée par l’ETP ?

“Mes conseils pour une ide à l’ETP : se former au niveau de la psychologie de l’individu, avoir de bonnes connaissances de la pathologie dans le domaine où on veut se lancer, avoir de l’humilité dans sa pratique, expliquer des messages simples, avoir de l’empowerment, de l’écoute active et réflexive…”

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