D’infirmière à entrepreneure, fondatrice d’un café céramique, c’est l’histoire de Julie.
Elle te raconte son parcours, ses projets, la façon dont elle a vécu le bilan Charlotte K. Si tu souhaites plus de renseignements, ou si tu veux juste l’encourager, n’hésite pas à laisser un commentaire sous l’article 🙂
On y va !
Raconte-nous ton parcours en toute transparence
« J’ai fait mes études à Saint Malo.
Je suis diplômée de 2010 de l’ancienne formation. A la sortie du diplôme, j’ai commencé en psychiatrie comme je le souhaitais. J’ai fait 14 ans en psychiatrie,en alternant différents services : services entrants de psychiatrie et de pédopsychiatrie, (enfant adolescent). Ensuite j’ai travaillé en hôpital de jour donc avec des horaires classiques.
J’ai fait pas mal de formations, j’aimais beaucoup beaucoup mon métier.
Je me sentais plutôt compétente dans ce que je faisais. J’aimais vraiment la psychiatrie. Je me sentais vraiment dans un partage et dans une richesse au contact des patients. J’ai beaucoup aimé mon travail qui avait du sens pour moi.
Quand j’ai commencé à avoir des enfants, ça a été un peu plus difficile d’un point de vue organisationnel, parce que mon conjoint étant infirmier, on faisait tous les 2 un week-end sur 2 et ça c’était un peu compliqué étant donné qu’on n’avait pas forcément de famille qui puisse nous aider sur les créneaux de week-end. Donc ça a été une gestion un peu fatigante mais on a tenu comme ça quelques années.
Et puis, j’ai enfin eu le poste dont je rêvais en hôpital de jour.
Enfin « dont je rêvais » … le poste qui permettait de combiner des horaires plus stables et d’être au contact des patients psy.
Cela m’a permis de découvrir aussi le patient chronique. Parce que jusqu’ici j’avais été plus au contact de personnes en état de crise. Là, en hôpital de jour, cela concerne des patients plus stabilisés donc c’était intéressant aussi de découvrir autre chose, une autre relation patient. Et puis j’ai développé le côté activité thérapeutique que j’aimais beaucoup et dans lequel j’aimais m’épanouir avec les patients.
C’est là que j’ai d’ailleurs pris contact avec un collectif d’artistes avec lequel nous avons collaboré sur plusieurs projets et ça a été vraiment une espèce de révélation. Au contact de ce public-là, je me sentais encore plus à ma place. Donc ça a été une étape dans le parcours. «

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ?
« Ça a été un long chemin. Disons que je ne me sentais plus à ma place dans mon travail, pas forcément en lien avec le travail lui-même, plutôt en lien avec l’institution.
J’ai fait un bilan de compétence avec Charlotte K et après cela, j’ai eu besoin de temps aussi pour que ça mûrisse et que ça prenne forme dans ma tête et que les choses se concrétisent. «
As-tu refait des formations pour lancer ton projet ?
« Je n’ai pas forcément refait de formation en tant que telle si ce n’est des compétences pratiques, artistiques, que j’ai développées du côté perso et puis des connaissances, des rencontres qui m’ont guidée.
J’ai passé le permis d’exploitation pour être habilitée à vendre de l’alcool et obtenu également la formation en hygiène alimentaire. J’ai été accompagnée par la CCI pour la création d’entreprise ou j’ai fait la formation des 5 jours pour entreprendre. »
Dans quel état d’esprit étais-tu en commençant le bilan ?
« J’ai suivi le bilan Charlotte K.
En débutant l’accompagnement, j’étais dans une impasse. Je n’avais plus grand chose à perdre. C’était un peu ma bouée de secours à ce moment-là. Je me disais que peut-être ça donnerait quelque chose… Je me suis concentrée dessus et ai beaucoup travaillé, fait toutes les étapes comme demandé.
J’ai développé chaque point et ai été vraiment bien accompagnée par ma coach Tiphaine. Elle était vraiment proximale et s’ajustait à ma situation et mon profil. »
Comment s’est passé le départ de ton précédent job ?
« Le départ de mon précédent poste a été très très compliqué. Ça a duré très longtemps : un an et demi d’arrêt de travail, qui ont fini par une rupture conventionnelle mais dans des conditions qui ont été vraiment difficiles à vivre sur le plan personnel. »
Quel est ton métier aujourd’hui ? En quoi te correspond-t-il ?
« J’ai ouvert un café céramique. C’est un lieu où l’on vient prendre du bon temps, être dans le plaisir, se détendre, en faisant de la peinture sur céramique, sur des créneaux réservés de 2h.
Cette nouvelle activité professionnelle me correspond mieux parce que je suis dans mon environnement. Les gens qui viennent choisissent d’entrer dans mon univers donc ce n’est pas l’univers qui s’impose à moi. Du coup, ce sont mes valeurs, c’est mon environnement.
Je me sens alignée avec cet endroit, ce que j’y propose et je me sens beaucoup plus libre en fait. Même s’il y a aussi des inconvénients.
J’avais besoin de ça, de me sentir respectée pour ce que je suis, de me respecter aussi pour ce que je suis dans mon travail et de ne pas devoir faire des choses qui ne me conviennent pas, pour lesquelles je ne suis pas en accord.
J’ai besoin d’être en accord avec moi-même et mes valeurs. »

Quels sont tes projets pour la suite ?
« »Mes projets pour la suite, ça serait juste de pouvoir retrouver l’équilibre dans cette nouvelle vie, de pouvoir m’épanouir autant au niveau pro qu’au niveau perso. Parce que la création de l’entreprise a demandé beaucoup de temps, d’énergie et d’investissements. Ça a été très intense, ça l’est encore.
Il faut se laisser le temps de trouver ses repères, de roder un peu l’activité et puis de réussir à consacrer autant de temps que je voudrais aussi au côté perso, à ma famille, mes amis et trouver l’équilibre.
Ca, ça demande du temps. On ne peut pas tout avoir en même temps et il faut savoir prioriser.
Le projet, c’est juste de pouvoir prendre du plaisir dans le pro et dans le perso, dans les mois qui viennent, tranquillement trouver l’équilibre.
J’aimerai également ouvrir ce lieu a une association pour femme isolées, sans parler de céramique, juste que ce lieu puisse être un ailleurs et avoir du sens pour d’autres. Je lancerai cela lorsque l’activité et moi même aurons notre rythme de croisière. J’aime l’idée que ce lieu que j’ai voulu doux, puisse être un refuge, un abri, l’espace d’une heure de temps en temps.
Pour le côté plus léger, je bouillonne d’idées de collab, de soirées à thème de couture, de tufting, d’ateliers d’écriture… c’est tellement chouette les possibilités et les rencontres que cette nouvelle liberté et ce lieu offre. »
Quelles sont les difficultés d’une évolution professionnelle et comment les relever ?
« Je dirais que quand on est dans la fonction publique, on a quand même des barrières à surmonter qui n’existent pas dans le privé, des pièges dans lesquels il est facile de tomber ou des décisions qui vont être prises pour ne pas en prendre d’autres. On va changer de poste, se dire qu’on verra après les congés, les promesses de conditions meilleures, le confort de la routine, des sacro saint RTT…on va prendre une dispo (enfin encore que la dispo ça peut être une solution) …
Parfois, le fait d’être dans la fonction publique, ça donne une sensation de culpabilité en plus. Je pense qu’il y a un truc aussi sociétal qui fait que travailler dans la fonction publique, c’était le poste dont on a pu rêver(= pour nous). Il y a quand même encore toute une partie de la population qui pense qu’on crache un peu dans la soupe quand on quitte un poste comme ça, surtout avec des horaires en 9h-17h quand on est infirmière (gnagnagna). On dit qu’on veut le beurre et l’argent du beurre…
Enfin voilà, toutes ces choses que j’ai entendues : « on ne peut pas tout avoir »
Tout ça accentue le côté culpabilité d’avoir envie/besoin de changement.
Il y a aussi la peur de l’inconnu. On a tous nos propres angoisses, nos propres peurs. Il y a le fait de vouloir à tout prix tout maîtriser, de vouloir savoir exactement où on va mettre les pieds avant de quitter son poste, le ronron rassurant d’un quotidien que l’on maîtrise.
Voilà pour moi ce sont les difficultés principales : le fait d’être dans la fonction publique et ce que ça inclut comme obstacles supplémentaires de “quitter”, le fait d’avoir des peurs, des craintes, des appréhensions (de soi et des autres).
Et puis, il y a le regard des autres, ce que peuvent penser les autres de nous, ce qu’ils nous renvoient … «
Comment as-tu géré ta vie de maman au milieu de cette reconversion ?
« Je suis maman de 2 enfants : un petit garçon de 3 ans et une grande de 8 ans.
Ça a été très compliqué et je n’aurais pas pu le faire sans le soutien de mon conjoint qui lui ne voulait plus me voir malheureuse en rentrant du travail comme j’ai pu l’être par le passé. Il a cru en moi et m’a soutenue. Il a été aussi un pilier par rapport aux enfants parce qu’il fallait aussi que lui assure quand je n’étais pas disponible.
Aujourd’hui, c’est vrai que je suis beaucoup moins présente (mais beaucoup plus souriante). Je ne suis plus là tous les soirs, le samedi, le mercredi après-midi. Pour l’instant, effectivement au niveau familial, c’est trop peu pour moi.
Mais voilà, c’est un moment à passer. Ca viendra.
Et je montre aussi à mes enfants que quand une situation est inconfortable, il ne faut pas rester dans une position de subir et qu’il faut se faire confiance et avoir confiance en la vie. Les solutions se trouvent en chemin.
Je leur montre qu’il faut avoir le courage de ça parce que ça n’a pas de prix.
C’est bien beau de rentrer à 17h00 tous les soirs mais si on est malheureux, on le transmet aussi à son entourage.
J’ai envie de dire à mes enfants qu’il faut croire en soi. Effectivement, ce sont des ajustements mais tout n’est jamais définitif. Ce n’est pas parce que c’est comme ça aujourd’hui, que ça sera toujours comme ça. Avoir de l’audace et oser, ce sont des choses nouvelles mais tellement satisfaisantes.
Je pense que me voir épanouie, c’est aussi un retour qui les nourrit et qui leur donne l’occasion de croire en leurs rêves. »

Quels conseils donnerais-tu à une IDE qui veut faire le bilan Charlotte K ?
« Je conseillerais de le faire pleinement, de vraiment se poser, de vraiment y consacrer le temps nécessaire. Même si c’est pénible de faire les enquêtes-métier et d’aller au-devant des autres en ayant plusieurs pistes. Il ne faut pas se focaliser seulement sur l’idée de départ mais ouvrir le champ des possibles et aller au bout.
Parce que c’est vrai que ça donne un angle de vue qui est hyper intéressant. »
5 conseils à une infirmière qui veut changer de vie pro ?
- « Faire un bilan de compétences et pas n’importe lequel : un bilan adapté, qui connaît le métier d’infirmière et les conditions dans lesquelles on travaille.
- Trouver du soutien auprès de son entourage et se faire soutenir par ces gens-là parce que c’est nécessaire.
- Lire un super livre qui m’avait été conseillé pendant le bilan de compétences : L’obstacle est le chemin. Ce livre-là a été vraiment révélateur pour moi sur la façon d’accepter que les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Accepter l’obstacle, ça permet de découvrir d’autres choses et donc ne pas être dans la crainte en permanence.
- Prendre le temps, ne pas se précipiter et faire abstraction des idées toutes faites. Ce qui est important pour les autres n’est pas forcément important pour nous et inversement. Il faut se faire confiance, s’écouter soi, réussir à faire le tri. Mais ça c’est le bilan de compétences qui va aider à vraiment savoir ce qu’on veut soi, et le différencier de ce que d’autres auraient voulu pour nous.
- Reconsidérer chaque paramètre objectivement avant de faire un choix. Déconstruire pour mieux reconstruire.
Un grand merci Julie pour ton témoignage et félicitation pour ton parcours. Longue vie au café céramique.
Si tu le souhaites, tu peux suivre les aventures de Julie sur Instagram @desjoiescafeceramique et sur son site internet desjoies-cafeceramique.fr et si tu passes par la Bretagne, le café est à Dinan 🙂
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La reconversion professionnelle ne doit pas être facile car c’est une remise en question. Félicitations Julie, et ayant découvert ton café céramique je peux te dire que tu ne t’es pas trompée de voie, on te sent heureuse, dans ton élément,ton sourire est contagieux. Tu ne fais plus le métier d’infirmière proprement dit, mais toujours dans le relationnel, prendre soin des autres en leur faisant passer un vrai moment de détente et lâcher prise, et en prenant soin de toi aussi.
Je te souhaite un bel épanouissement professionnel et personnel et longue vie à « des joies »