Infirmière en slashing : une nouvelle voie professionnelle. Il était temps de dédier un article à ce sujet. La slashing, tu vas le constater, est une solution de plus en plus plébiscitée par les infirmières. Elle présente de nombreux avantages : test d’une activité avant de la lancer, possibilité de s’épanouir dans une nouvelle voie sans quitter un poste infirmier sécurisant…
Dans cet article, je te présente le concept, de quelle façon tu peux le mettre en place dans ton quotidien, ses avantages et ses inconvénients. Tu vas également découvrir le témoignage d’Estelle, qui a combiné son travail d’infirmière avec son métier d’illustratrice pendant plusieurs mois.
Qu’est-ce que le slashing ?
Tu as peut-être déjà croisé ce terme sur les réseaux sociaux ou dans un précédent article, celui de Marie par exemple, infirmière et coach en bilan de compétences 🙂
Le slashing, c’est simplement le fait de cumuler plusieurs activités professionnelles de façon choisie. On parle aussi de « slasher/slasheuse » pour désigner une personne qui exerce plusieurs métiers en parallèle.
Le terme vient du signe /, qu’on utilise parfois pour séparer deux professions sur un CV ou une bio : infirmière / photographe, infirmière / formatrice, infirmière / céramiste…
Ce mode de fonctionnement te permet de concilier ton métier d’infirmière avec une autre activité qui te tient à cœur : artistique, entrepreneuriale, éducative, manuelle… Tu peux continuer à travailler à temps partiel dans un service ou en libéral tout en développant un autre projet le reste du temps. Certaines testent une idée de reconversion, d’autres trouvent simplement un nouvel équilibre sans quitter totalement le soin.
Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un effet de mode. C’est un véritable choix d’organisation professionnelle, qui séduit de plus en plus d’infirmières…
Je t’explique pourquoi.
Pourquoi le slashing séduit de plus en plus d’infirmières ?
Je pense que dans un premier temps, on peut citer la fatigue, la lassitude, parfois même la déception face à un système hospitalier ou libéral qui épuise. Le slashing devient alors une façon de reprendre la main, de ne pas subir, de remettre un peu de joie et d’épanouissement dans son quotidien professionnel. En choisissant cette option, les infirmières se reconnectent à une autre part d’elles-mêmes.
Et puis il y a la recherche de sens, d’un nouveau souffle. Beaucoup d’IDE ressentent le besoin de retrouver une forme d’équilibre entre le soin qu’elles donnent aux autres… et ce qu’elles veulent cultiver pour elles. Cela peut être un projet artistique, une envie de transmission, ou tout simplement l’envie de créer quelque chose de ses mains. En tant qu’infirmière, on donne beaucoup, parfois sans retour, sans reconnaissance ou pas assez par rapport à ce dont on a besoin. Un deuxième projet permet de retrouver ce sens un peu émoussé.
C’est également une bulle d’air, une sécurité financière pour tester un nouveau métier, sans claquer la porte du soin du jour au lendemain. Tu peux explorer, apprendre, créer, tout en gardant la sécurité de ton poste infirmier. Et si ça marche, tu quittes les soins sans risque.
Les avantages du slashing pour une infirmière
Le slashing n’est pas une solution miracle, mais il offre des bénéfices très concrets, à la fois professionnels et personnels.
Le premier avantage, c’est la diversification des revenus. En cumulant deux activités, tu ne dépends plus d’un seul contrat, d’un seul rythme, d’un seul employeur. Et dans un contexte où la rémunération des soignantes est ce qu’elle est, ce n’est pas négligeable. C’est aussi un moyen d’amorcer une transition professionnelle sans pression financière.
Le slashing, cela peut aussi être une source d’épanouissement, de respiration, d’ouverture professionnelle. Il te permet de te reconnecter à ce qui te fait vibrer : écrire, créer, enseigner, accompagner autrement… Chez Charlotte K, après le bilan de compétences, 11,6% des infirmières accompagnées développent une deuxième activité en slashing.
C’est aussi une solution pour gagner en compétence. En lançant une activité parallèle, tu vas développer des savoir-faire que ton activité d’infirmière ne sollicite pas forcément : communication, marketing, gestion, créativité… Et ces compétences peuvent te servir bien au-delà de ton projet secondaire.
Enfin, le slashing te donne l’occasion de tester différents équilibres pro/perso. Tu peux ajuster ton planning, tu choisis ce que tu fais, tu testes et tu vois si cela convient mieux à ce que tu recherches pour toi et/ou ta vie de famille par exemple.
Ça demande de l’organisation, bien sûr, mais beaucoup y trouvent une nouvelle respiration dans leur quotidien.
Les inconvénients du slashing pour une infirmière
Le slashing peut être une super solution mais il y a, bien sûr, des inconvénients à prendre en compte.
Avant de te lancer, mieux vaut avoir une vision claire de ce que cela représente.
D’abord, il y a la question de la charge mentale. Cumuler deux activités, c’est forcément jongler avec plusieurs casquettes, plusieurs plannings, plusieurs obligations. Et si tu es déjà bien occupée par ton travail d’infirmière (et ta vie perso !), l’organisation doit être très rigoureuse pour ne pas t’ajouter du stress.
Il y a aussi un risque de fatigue, voire de dispersion. Quand on commence une activité qui nous passionne, on peut avoir tendance à vouloir tout faire, tout de suite… au risque de s’épuiser. Le danger, c’est de finir par ne plus vraiment se reposer, ni profiter pleinement de l’une ou l’autre de ses activités.
C’est extrêmement important de poser un cadre : définir ton temps disponible, fixer des limites, apprendre à dire non, planifier des moments de vraie coupure. Ce cadre, tu peux le faire évoluer, bien sûr, mais il doit exister dès le départ.
Enfin, il faut clarifier ton statut juridique et administratif. En fonction de ton activité principale (salariée, libérale, en disponibilité…), certaines règles s’appliquent pour cumuler une autre activité. Mieux vaut les connaître en amont pour éviter les mauvaises surprises. Mais ne t’inquiète pas, je t’explique tout dans la suite de l’article.
Comment cumuler plusieurs activités quand on est infirmière ?
Tu es salariée, libérale, en dispo, à temps partiel… et tu veux lancer une activité parallèle ? Bonne nouvelle : c’est tout à fait possible, à condition de respecter certaines règles. Voici ce que tu dois savoir avant de te lancer.
Le cadre légal dépend de ton statut
Si tu es salariée, tu as le droit de cumuler une autre activité (salariée ou indépendante), à condition qu’elle soit compatible avec ton contrat de travail, tes horaires, et la déontologie de la profession. Il faudra souvent en informer ton employeur (voire obtenir son autorisation si tu es dans la fonction publique). Et bien sûr, ton activité secondaire ne doit pas nuire à ta disponibilité ou créer de conflits d’intérêt.
Si tu es infirmière libérale, on parle d’adjonction d’activité.
Tu peux exercer une autre activité hors des horaires de soin, mais elle doit être déclarée à l’Ordre des Infirmiers. La demande peut être acceptée si elle ne porte pas atteinte à l’image ou aux missions de la profession infirmière. Par exemple : pas de souci pour être illustratrice, formatrice, naturopathe ou même boulangère… mais attention si ton activité concerne la santé ou le bien-être, il faudra bien cadrer les choses. Il ne doit y avoir aucune confusion entre tes deux métiers.
Pour avoir toutes les informations détaillées sur le cumul d’activités, je t’invite à lire les articles suivants :
- Cumuler plusieurs activités en tant qu’infirmier : quelles conditions ?
- IDEL : gagner plus avec l’adjonction d’activité
Témoignage d’Estelle, infirmière et illustratrice
Peux-tu te présenter et présenter ton parcours ?
» Je suis Estelle. J’ai été infirmière en oncologie pendant 7 ans, IDE pendant presque 10 ans. Après l’école d’infirmière, je suis partie un an en Angleterre puis je suis rentrée à l’Institut Curie.
Suite à ma première grossesse, on m’a diagnostiqué une maladie auto-immune et j’ai fait un burn out. Avec le COVID, la période a été compliquée. Les symptômes avaient un impact sur mon travail parce que je ne pouvais pas rester debout. Cela a entrainé une grosse remise en question sur mon métier.
J’ai fait le bilan de compétences après mon diagnostic avec Charlotte K quand j’ai compris que cette maladie ne guérirait pas et qu’il allait falloir vivre avec.
J’ai d’abord demandé un aménagement de poste avec un temps partiel. Et J’ai développé mon activité d’illustratrice pendant ce temps-là pour avoir un complément de revenu.
Mais ça a vraiment bien marché et j’étais bloquée dans le développement de mon entreprise. Et du coté infirmier, je voyais les avantages et les inconvénients du temps partiel (le poste n’était pas vraiment fait pour ça) je faisais beaucoup d’heures supplémentaires. Ca commençait à me fatiguer donc j’ai décidé de faire la bascule. »
Quelles étaient tes deux activités ?
« J’étais donc infirmière d’éducation thérapeutique en chimiothérapie orale et illustratrice à côté.
En tant qu’illustratrice, en micro-entreprise, je faisais des illustrations à la commande, papeterie de mariage, portraits etc… »
Quelle était ton organisation entre les deux activités ?
« J’avais pu négocier avec mon travail pour avoir des jours fixes. Les semaines étaient coupées pour ne pas accumuler de la fatigue physique.
50% de mon temps de travail était consacré aux soins. Mon activité d’indépendante était flexible sur le reste du temps. »
Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients du slashing ?
« En slashing, j’avais la sécurité de mon CDI et la liberté d’organiser mon temps de travail en fonction de mes besoins de santé et des commandes car il y a des périodes plus chargées que d’autres dans l’année.
L’avantage aussi, c’est qu’il faut un certain temps pour monter une activité, avoir des clients et être visible. Le slashing enlève cette pression du résultat immédiat en gardant une certaine sécurité financière.
Quand je me suis lancée complétement en indépendante, j’avais déjà tout préparé et sécurisé.
Cela m’a permis aussi une flexibilité au niveau de la vie de famille : même quand il y avait beaucoup de travail dans l’illustration, je pouvais être disponible pour les enfants entre 17h30 et 20h et retravailler après si besoin.
En fait, en slashing, tu peux garder le meilleur des deux mondes.
Il y a aussi des inconvénients : le métier d’IDE n’est quand même pas souple et ce n’est pas facile d’avoir un poste à temps partiel. J’ai finalement fait le choix de passer à 100% en indépendante parce que je n’arrivais pas à me projeter sur le long terme dans ce travail à mi-temps. Cela devenait difficile de suivre la vie de l’équipe et il y avait peu de perspective d’évolution possible : J’en avais besoin intellectuellement mais difficile d’y avoir accès en étant 50%.
Enfin, le slashing implique forcément des compromis. On ne peut pas être à 200 % sur deux activités : il faut faire des choix, accepter de ne pas tout maîtriser. Et quand on est perfectionniste, ce n’est pas toujours évident à vivre. »
Quels conseils donnerais-tu à une infirmière qui veut se lancer dans une deuxième activité en slashing ?
« C’est une option intéressante pour celles et ceux qui en ont envie : elle limite les risques et permet de tester une nouvelle voie en douceur, sans tout bouleverser d’un coup.
Il faut simplement prendre le temps d’évaluer les compromis que cela implique, et les mettre en balance avec les bénéfices potentiels. Tout dépend de ce que l’on est prêt à concéder : Implication dans le service et avec l’équipe, perspectives d’évolution, stabilité financière etc.
D’un autre côté, ça peut permettre de se préparer petit à petit à quitter la profession d’infirmière en douceur, de prendre un peu de recul, le temps que les choses se mettent en place, sans perdre cette connexion avec un métier dans lequel on s’investit en général beaucoup. Personnellement, cela m’a permis de faire le deuil de ce métier et de passer en indépendante.
Je n’aurais peut-être jamais pu devenir illustratrice si j’avais du le faire du jour au lendemain. Ça aurait été une montagne insurmontable. Là j’ai l’impression d’avoir avancé palier par palier. »
Un grand merci Estelle pour ton témoignage et plein de belles choses pour la suite de ton aventure entrepreneuriale.
Je t’invite à retrouver son travail sur son compte Instagram : @estelle.b_illustration et son site internet www.estellebillustration.com
Foire aux questions
Peut-on faire du slashing en tant qu’infirmière ?
Oui, c’est tout à fait possible ! Que tu sois salariée, libérale, en disponibilité ou à temps partiel, tu peux cumuler ton métier d’infirmière avec une autre activité, à condition de respecter le cadre légal. Cela peut nécessiter l’accord de ton employeur ou une déclaration à l’Ordre. L’important, c’est que tes deux activités soient compatibles sur les plans juridique, éthique et organisationnel.
Comment s’organiser en slashing en tant qu’infirmière ?
L’organisation est la clé ! L’idéal est d’aménager ton temps de travail infirmier (par exemple avec un temps partiel ou des jours fixes) pour libérer du temps dédié à ta seconde activité. Le témoignage d’Estelle illustre bien ce point : elle travaillait à 50 % dans les soins avec des jours bien définis, ce qui lui permettait de gérer son activité d’illustratrice le reste du temps. Il faut aussi poser un cadre clair, définir des limites, et planifier des moments de repos pour éviter la surcharge.
Quels sont les avantages et les inconvénients du slashing pour une infirmière ?
Le slashing peut te permettre de retrouver du sens, de tester une nouvelle voie tout en gardant la sécurité de ton poste, et d’explorer d’autres compétences. C’est une vraie bouffée d’air. Mais cumuler deux activités demande une organisation solide, peut générer de la fatigue, et implique parfois de faire des compromis, notamment sur l’implication dans l’équipe ou les perspectives d’évolution.
Par quoi commencer pour faire du slashing quand on est infirmière ?
Commence par clarifier ton envie : pourquoi veux-tu cumuler une deuxième activité ? Qu’est-ce que tu cherches (épanouissement, revenus, test d’une reconversion…) ? Ensuite, évalue ton temps disponible et tes possibilités d’aménagement professionnel. Renseigne-toi sur le cadre juridique selon ton statut (salariée, libérale…) et pose les bases de ton projet secondaire. Tu peux aussi envisager un bilan de compétences pour structurer ta réflexion et construire un projet solide, à ton rythme.
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