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Reconversion : d’infirmière à ergothérapeute.

Le 23 Mai 2022

Reconversion : d’infirmière à ergothérapeute.

 

Selon l’association nationale française des ergothérapeutes, en France, en 2021, on comptait 14 548 professionnels. Ce métier vise à accompagner les patients dans le maintien ou la restitution de leurs capacités, à apporter un mieux-être dans leur vie quotidienne. Et aujourd’hui, je te propose de te pencher sur la reconversion d’infirmière à ergothérapeute.

Nous allons définir ensemble ce métier, ses champs d’applications, les qualités requises, les études possibles pour les IDE. Enfin, tu pourras lire le témoignage de Roselyne, infirmière en pleine reconversion pour découvrir plus en détails les études et le travail d’une ergothérapeute.

D’infirmière à ergothérapeute : enquête !

 

Qu’est-ce qu’une ergothérapeute ?

 

Une ergothérapeute est une professionnelle de la santé qui travaille auprès des personnes porteuses de handicap. Ces handicaps peuvent être physiques, intellectuels ou psychiques. Cette prise en charge concerne donc beaucoup de pathologies différentes et tous les âges de la vie. De plus, et nous n’en sommes pas toujours conscients, chaque personne peut être confrontée au handicap. De manière permanente pour certaines ou seulement transitoires pour d’autres (quand on se casse une jambe par exemple).

Le but du travail de l’ergothérapeute est de permettre aux patients de conserver ou retrouver de l’autonomie, de s’adapter à leur handicap. Elle permet aussi d’organiser également l’environnement au mieux. Il peut s’agir également de travailler, en cas de handicap plus sévère, sur un plan plus subtil, par exemple dans le maintien de la sensibilité ou des capacités existantes.

L’ergothérapeute agit sur prescription médicale. Elle procède en général à un premier bilan avant de mettre en place un plan de soin personnalisé pour chaque patient. Son travail s’articule un peu à la manière des psychomotriciennes dont tu as pu découvrir le portrait dans l’article reconversion d’infirmière à psychomotricienne : quelle passerelle possible ?

 

Que dit la loi sur la profession d’ergothérapeute ?

 

“ Est considérée comme exerçant la profession d’ergothérapeute toute personne qui, non médecin, exécute habituellement des actes professionnels d’ergothérapie, définis par décret en Conseil d’État pris après avis de l’Académie nationale de médecine.

Les ergothérapeutes exercent leur art sur prescription médicale.

Ils peuvent prescrire des dispositifs médicaux et aides techniques nécessaires à l’exercice de leur profession, dont la liste est fixée par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale pris après avis de l’Académie nationale de médecine, dans des conditions définies par décret.

Ils peuvent, sauf indication contraire du médecin, renouveler les prescriptions médicales d’actes d’ergothérapie, dans des conditions fixées par décret.” (Code de la Santé Publique, article L-4331-1)

 

 

Quelles sont les missions d’une ergothérapeute au quotidien ?

 

Selon le code de la Santé publique, article R4331-1, les ergothérapeutes sont habilitées à accomplir, sur prescription médicale et si besoin au domicile des patients les actes suivants :

+ Des bilans ostéo-articulaires, neurologiques, musculaires, trophiques, fonctionnels, d’autonomie ou d’évaluation des difficultés relationnelles ;

+ La mise en condition articulaire et musculaire ou la facilitation d’une fonction permettant d’accomplir certains actes.

+ Par l’organisation d’activités d’artisanat, de jeu, d’expression, de la vie quotidienne, de loisirs ou de travail : la transformation d’un mouvement en geste fonctionnel ; la rééducation de la sensori-motricité ; la rééducation des repères temporo-spatiaux. Mais également l’adaptation ou la réadaptation aux gestes professionnels ou de la vie courante ; le développement des facultés d’adaptation ou de compensation ; le maintien des capacités fonctionnelles et relationnelles et la prévention des aggravations ; la revalorisation et la restauration des capacités de relation et de création ; le maintien ou la reprise de l’identité personnelle et du rôle social ;l’expression des conflits internes.

+ L’application d’appareillages et de matériels d’aide technique appropriés à l’ergothérapie.

 

Concrètement comment tout cela s’exprime-t-il au quotidien ?

 

Nous avons parlé précédemment de la phase de bilan, première étape de la prise en charge. L’ergothérapeute va évaluer les capacités présentes de son patients, ses troubles, ses besoins etc.

Elle doit ensuite établir un plan de soin qui peut faire appel à un remaniement de l’environnement du patient mais également à des exercices, des jeux, des mises en situations.

Enfin, cette professionnelle de la santé a également un rôle de conseil auprès des patients, de leur entourage. Un rôle assuré aussi parfois auprès de ses collègues (rôle oh combien précieux). Qui n’a pas déjà eu un briefing dans son service sur la manière de préserver son dos ?

Ce n’est pas l’objet de cet article mais la nuance peut poser question : si tu souhaites connaitre la différence entre une ergothérapeute et une ergonome, tu peux lire cet article intéressant de Impact Réadaptation.

 

Dans quelles structures travaille une ergothérapeute ?

 

Une ergothérapeute travaille dans des structures de soin publiques ou privées, dans des centres médicaux-sociaux, les maisons de retraite etc.

Elle peut également travailler dans un cabinet de soins à domicile.

Son activité en libéral est possible également mais les prestations ne sont, pour la plupart des patients, pas remboursées par la sécurité sociale. Seuls les suivis pédiatriques peuvent avoir une prise en charge à 100% par la MDPH actuellement.

 

Quelles sont les qualités pour être ergothérapeute ?

 

Les qualités nécessaires sont tout d’abord celles qui sont inhérentes à tout professionnel de la santé : écoute, empathie, rigueur. L’esprit d’équipe également car l’ergothérapeute est souvent amenée à travailler en équipe pluridisciplinaire.

Il faut également avoir des qualités relationnelles toutes particulières et connaitre les spécificités du handicap.

 

Quelles études pour se reconvertir d’infirmière à ergothérapeute ?

 

Pour être ergothérapeute, il est obligatoire d’obtenir un diplôme d’État après avoir fait 3 ans d’étude dans un institut de formation en ergothérapie ou IFE. Tu trouveras la liste des établissements sur le site du syndicat des instituts de formation en ergothérapie français.

 

Dans les textes de loi, pour les infirmiers, il est possible de demander la validation de certaines unités de la formation pour ne pas avoir à les repasser. Une procédure existe au sein des IFE comme tu vas le découvrir en lisant le témoignage de Roselyne.

“ Les personnes admises en formation peuvent faire l’objet de dispenses d’unités d’enseignements ou de semestres par le directeur d’établissement, après décision de la section compétente pour le traitement pédagogique des situations individuelles des étudiants. et ce au regard de leur formation antérieure validée, des certifications, titres et diplômes obtenus et de leur parcours professionnel.” (Arrêté du 17 janvier 2020 relatif à l’admission dans les instituts préparant aux diplômes d’État d’ergothérapeute)

Il y a deux façons de postuler en école d’ergothérapie:

+ Soit par Parcours Sup;

+ Soit pas un dépôt de dossier directement auprès des instituts de formation.

Il est possible de suivre les deux voies en même temps.

 

Quels sont les modules étudiés en Institut de formation en ergothérapie ?

 

La formation est répartie en 6 domaines différents :

+ Sciences humaines, sociales et droit

+ Sciences médicales
anatomie, physiologie, dysfonctionnements et pathologies, démarche clinique et hygiène

+ Fondements et processus de l’ergothérapie
science de l’activité humaine

+ Méthodes, techniques et outils d’intervention de l’ergothérapeute
techniques d’évaluation, de prévention, de rééducation, de réadaptation, d’éducation thérapeutique, de réhabilitation

+ Méthodes de travail
informatique, méthodes de recherche, anglais

+ Intégration des savoirs et posture professionnelle de l’ergothérapeute
stages et analyse de pratique

Concrètement, cela représente sur 3 ans (donc moins pour les IDE qui intègrent un institut de formation), 2000 heures de travail théorique, 1260 heures de stage (36 semaines) et environ 1800 heures de travail personnel.

 

Quel est le salaire d’une ergothérapeute ?

 

Dans la fonction publique hospitalière, les ergothérapeutes sont rémunérés entre 1827 € et 3 383 € brut mensuel.

Les revenus d’un ergothérapeute en libéral sont fonction de son chiffre d’affaire (entre 2 000 € et 3 000 € brut mensuel).

 

Témoignage de Roselyne, IDE en cours de reconversion

 

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

 

“J’ai fait mes études d’infirmière de 2000 à 2003, j’ai donc été diplômée la dernière année où il y avait l’écrit et la MSP de diplôme.

Une fois mon diplôme obtenu, j’ai travaillé dans différents services. J’ai d’abord fait de la chirurgie orthopédique. Puis je suis allée dans un service de cardiologie court séjour. Au sein de ce service, il y a eu le développement d’un hôpital de semaine d’éducation diabétologique auquel j’ai participé.

Après la naissance de mon deuxième enfant, j’ai changé de service et je suis passée en pneumologie d’abord de nuit puis de jour. Un service plutôt orienté vers le traitement des cancers pulmonaires au fil des années.

C’est à peu près à cette période-là, vers 2016, un peu après la naissance de mon dernier enfant que j’ai commencé à ressentir une lassitude par rapport à mon métier d’infirmière. Surtout par rapport aux horaires de l’hôpital qui me pesaient énormément parce que j’avais l’impression de passer plus de temps à l’hôpital qu’avec mes enfants.”

Et ensuite ?

“J’ai donc décidé de changer de service et je suis allée en dialyse pendant un an et demi, deux ans. Puis j’ai fait du domicile au sein d’une association. Et afin de me rapprocher de chez moi, je suis entrée dans un SSIAD. J’y ai fait 6 mois et c’est en sortant de ce SSIAD que j’ai débuté ma réflexion de reconversion.

J’ai débuté un bilan de compétence sur l’année fin 2019- début 2020. En même temps, comme j’avais quitté le SSIAD, je suis entrée dans un SSR de nuit.

À la suite de ce bilan de compétence qui a fait ressortir le métier d’ergothérapeute, je me suis inscrite sur Parcours Sup pour postuler aux écoles. J’ai fait en même temps mes demandes de dossier auprès de Transition Pro. Mon dossier a été accepté puis j’ai été prise par une école via Parcours Sup et je suis donc entrée en septembre 2021 à l’institut de formation.”

 

Qu’est-ce qui a motivé ton envie de t’orienter vers l’ergothérapie ?

 

“Le choix d’ergothérapeute a été fait par rapport à mon bilan de compétences.

Il en est ressorti un profil autour de l’aide du soin, du bien-être et donc du coup il a fallu lors de mes recherches que je trouve un métier. Le métier d’ergothérapeute alliait le côté ludique que j’aimais bien par exemple chez les animatrices sociales. Mais il y avait une part quand même de thérapeutique dedans et la médiation par les activités ludiques que j’aimais beaucoup.

 

C’est vrai que le côté relationnel m’avait toujours intéressé dans le métier d’infirmière. Donc en fait je gardais le relationnel, j’apportais de la créativité, un côté ludique. Et surtout j’avais l’impression de pouvoir changer de manière de prendre soin, une manière qui était moins subie pour les patients et qui m’apparaissait, en tout cas, de meilleure qualité dans la prise en charge que je pourrai faire.

 

J’ai donc contacté des ergothérapeutes, une en libéral et une qui était en structure hospitalière. C’est d’ailleurs l’une d’entre elle qui m’a permis de m’orienter vers des journées d’observation. J’ai pu les faire dans un SSR et dans un service de neurologie à la Pitié. Ces deux journées ont conforté mon choix d’ergothérapeute. Ce que j’en ai vu était en adéquation avec la vision que j’avais du métier.”

 

Comment as-tu intégré l’Institut de Formation ?

 

“Pour devenir ergothérapeute, il faut entrer en IFE.

Auparavant il y avait un concours. Maintenant la plupart des écoles font leur entrée via Parcours Sup. Il a deux manières de postuler quand on est en reconversion :

+ Soit on fait via Parcours Sup comme j’ai fait.

+ Sinon chaque école à quelques places pour des formations professionnelles donc on peut faire un dossier qu’on envoie et qui est étudié.

On peut faire les deux voix en même temps dans une même école.”

 

As-tu bénéficié d’une dispense d’une année ou de certains modules ?

 

“En ce qui concerne les équivalences infirmière/ergothérapeute, il n’existe pas vraiment de passerelle. Quand je m’étais renseignée, je retrouvais souvent qu’il y avait la possibilité d’avoir la première année d’étude qui pouvait ne pas être faite. Mais ce n’est pas le cas dans l’école dans laquelle je suis.

Surtout qu’en plus, j’ai un diplôme ancien qui n’était pas dans le cursus LMD… Donc je n’ai pas vraiment d’équivalence par rapport aux unités qui sont enseignées à l’IFE.

Il a fallu donc que je donne mon dossier de scolarité d’infirmière avec toutes mes notes, les feuilles de stage et autres…Ce dossier est passé en commission en début d’année. Et j’ai dû faire une demande de validation pour certains des UE.”

 

Y a-t-il une équivalence entre le diplôme d’IDE et la première année ?

 

“Donc en fait, il n’y a pas d’équivalence propre.

Il faut faire des demandes d’équivalence des UE et prouver que les UE qu’on demande ont été étudiés pendant le cursus qu’on a fait en tant qu’infirmière.

J’ai pu demander par exemple sociologie, anthropologie. Les UE de démarche clinique, pharmacologie et hygiène ont été validées pour la première année.

J’ai d’autres UE dont je vais demander la validation par rapport plutôt à ma troisième année.

En première année, on fait beaucoup d’anatomie, tout ce qui est musculaire, les nerfs, donc je pense que c’est possible de pouvoir valider pour les personnes qui se sentent à l’aise. Pour moi, ce n’était pas vraiment le cas parce que cela faisait un certain temps que je n’avais pas revu toute cette théorie donc je n’ai pas demandé la validation.

 

J’ai tendance à penser qu’il faut demander un maximum d’UE, si on peut prouver qu’on les a faits parce que ça allège vraiment. Moi cette année j’ai donc eu 2 UE validés et ça allège quand même par rapport aux partiels et aux cours à faire.”

 

Peut-on valider toute une année ?

 

“Par contre, cela me parait difficile de valider une année entière.

En première année, il y a des modules propres à l’ergothérapie. Pour ces modules-là, on ne peut pas les faire autrement.

 

On aborde déjà les notions de concepts en ergothérapie, du diagnostic ergothérapique et surtout toutes les notions autour de l’occupation et de l’activité qui est le cœur de métier de l’ergothérapeute.

On aborde aussi beaucoup les situations de handicap. Et on a des cours sur tout ce qui est environnement et aménagement de l’habitat, on a beaucoup de cours sur tout ce qui est de l’ordre de l’aide technique et sur tout ce qui est fauteuil roulant et également sur l’évaluation des bilans en ergothérapie.

Il y a quand même une bonne part propre à l’ergothérapeute lors de cette première année.”

 

Comment se passent les études d’ergothérapie ?

 

“Les études sont des études universitaires. Donc on a un référentiel de compétences. Il y a 10 compétences à atteindre pour obtenir le diplôme d’ergothérapeute. C’est un peu similaire actuellement au diplôme d’infirmière. Nous avons des UE qui permettent de valider ces compétences.

C’est la validation de chaque UE qui permet d’avoir la validation du diplôme au bout des 3 années.

On fonctionne par validation de semestre en semestre. Donc là je viens de valider mon semestre 1 et je suis dans le semestre 2. Lors de la première année, on a un stage d’observation de 4 semaines que j’ai fait fin janvier-début février. Ce stage-là est vraiment un stage de prise de contact et d’observation du métier d’ergothérapeute.

 

Ensuite, on a deux stages de 8 semaines pour chacune des années. Cela fait 4 stages de 8 semaines dans lesquelles on est obligé de passer sur un lieu de vie, sur un service de réadaptation/rééducation et sur un service de santé mentale. Ce qui laisse un quatrième stage dans un lieu qu’on aurait bien aimé refaire.

Lors des stages, nous sommes supervisés par un tuteur qui nous suit. À la fin du stage, nous avons des rapports de stage à rendre. Lors des stages, nous avons des analyses de pratique réflexives à présenter au nombre de deux pour chacun des stages.

La troisième année tourne essentiellement autour de la préparation et la rédaction du mémoire de fin d’étude.”

A ton avis, quelles sont les similitudes entre le métier d’IDE et celui d’ergothérapeute ?

 

“Le métier d’ergothérapeute est un métier qui tourne autour de l’occupation humaine. On part du principe que l’être humain est une personne d’occupation. Que ce soit le travail, les loisirs, les sorties… Tout ce que fait l’homme tourne autour de l’activité et du coup pouvoir être engagé dans ces activités est une composante de la bonne santé.

L’ergothérapeute est là pour aider la personne qui se retrouve dans l’incapacité de pouvoir faire ces activités. L’ergothérapeute l’accompagne pour trouver des solutions afin qu’elle puisse continuer à faire ses activités.

Donc cela peut être de la rééducation, de la réhabilitation, cela peut être aussi de l’aménagement d’habitat, trouver des aides techniques. Tout ça tourne autour de l’ergothérapie.

On peut travailler avec tout type de population, enfants, adultes, personnes âgées. On peut travailler dans différentes structures, hôpital, libéral ou travailler dans des associations type SSIAD.

On peut également avoir des aménagements de poste de travail pour des personnes en situation de handicap. Il y a vraiment plein d’endroits. On peut être aussi dans des structures médico-sociales ou en EHPAD.

Les similitudes que je retrouve avec le métier d’infirmière, c’est essentiellement tout le côté relationnel.”

 

On est dans le prendre soin, dans la relation thérapeutique, dans l’empathie.

 

“Le métier d’ergothérapeute élargit notre vision par rapport à ce qu’on peut entendre du handicap. C’est-à-dire que peut-être en tant qu’infirmière, on va voir le handicap d’une autre manière. Or, avec l’ergothérapie, on voit que même si on n’est pas handicapé, en termes communs, toute personne peut se retrouver en situation du handicap.

L’exemple que j’ai est le suivant : je me casse le bras, je ne peux plus faire ma toilette seule, je me retrouve en situation de handicap. Je peux avoir besoin d’un ergothérapeute pour savoir comment je vais effectuer mes soins d’hygiène.”

 

Quel est ton regard sur la notion du handicap ?

 

“La notion de handicap peut être transitoire ou permanente.

Les similitudes aussi, c’est qu’il y a beaucoup de choses qu’on a déjà abordées dans nos études d’infirmière. Plus haut, j’ai parlé des aides techniques, on les connait quand même pour la plupart.

J’ai travaillé en SSIAD donc j’avais déjà les notions d’aménagement d’habitat pour les personnes âgées pour leur permettre de rester autonomes au domicile. Donc ça aussi c’était des concepts que j’avais déjà abordés, déjà vus. Puis forcement, on a déjà les connaissances au niveau des pathologies.

 

Les difficultés que je vois, c’est de devoir changer ma manière de voir le « prendre soin ». Parce que ce n’est pas tout à fait la même approche sur la manière de poser un diagnostic entre le diagnostic infirmier et le diagnostic ergothérapique. Il faut voir les choses d’un autre point de vue.

Autre différence que je constate, c’est qu’en tant qu’infirmière on est vraiment au centre et très proche du patient alors qu’en tant qu’ergothérapeute, on est un peu moins dans le quotidien du patient. On le voit en séance, de temps en temps, sur un certain temps de la journée.

C’est une autre manière de prendre soin ou l’on est moins dans le faire, dans l’immédiat tout le temps.”

 

Quels sont tes projets par la suite ? Où souhaites-tu travailler ?

 

“Quand j’ai commencé, j’étais plutôt orientée vers de l’aménagement d’habitat. C’est vrai qu’avec les études, on voit plein de possibilités différentes d’exercices : Aussi bien dans les structures hospitalières qu’en libéral, que dans des structures médico-sociales ou sociales aussi ou la santé mentale.

On peut travailler avec des migrants, des enfants, des personnes âgées, des personnes infirmes moteur-cérébrales. Il y a vraiment un large choix de lieu d’exercices et de manières d’exercer différentes.

Je pense que dans un premier temps, je prendrai plutôt une structure hospitalière. Et j’aimerai m’orienter après vers du libéral sachant que le métier évolue beaucoup et les demandes évoluent également.”

 

Comment se passe le métier d’ergothérapeute en libéral ?

 

“Actuellement en tant qu’ergothérapeute en libéral. On travaille essentiellement avec des enfants qui ont des troubles de l’apprentissage ou des troubles du spectre autistique ou de l’hyperactivité.

Mais il y a des rapports qui ont été menés par le ministère de la santé qui préconisent beaucoup le travail de l’ergothérapeute pour le maintien à domicile. On espère que dans les prochaines années, l’ergothérapie puisse avoir une prise en charge pour le maintien à domicile ou la post-hospitalisation.

Ce qui freine le libéral, c’est que comme il n’y a pas de nomenclature pour les actes de l’ergothérapeute. Ce n’est pas remboursé et donc les personnes sont obligées de payer leurs soins eux-mêmes.

C’est pour cette raison qu’il y a plus de populations pédiatriques en libéral car les soins sont pris en charge par la MDPH.”

 

Quels conseils donnerais-tu à une infirmière qui hésite à se reconvertir ?

 

“Je lui conseillerais de réussir à passer le cap de l’appréhension du côté financier. Parce que c’est compliqué. Moi j’ai eu une aide de transition pro. Mais il faut savoir que transition pro Ile-de-France ne finance plus qu’un an de maintien de salaire. Donc j’ai 1200 heure de prise en charge de transition pro en maintien de salaire et il me paye les 2/3 des frais de formation.

J’ai quand même un reste à charge qui va être énorme puisque sur ma deuxième et troisième année je n’ai pas de maintien de salaire. Il a fallu que j’anticipe. J’ai pris des vacations et je suis obligée de travailler à côté pour pouvoir continuer. J’avais également un peu d’épargne de côté.

L’autre solution que plusieurs personnes de ma promotion ont choisi, c’est de passer par le dispositif démission-reconversion qui est aussi proposé par transition professionnel. Dans ce cas, suite à un montage de dossier, il est possible de démissionner pour ensuite pouvoir toucher les allocations chômage pendant deux ans.

 

Cela peut être une solution aussi sachant que quand on fait ça, on ne fait pas partie de la formation continue pour l’institut de formation mais c’est considéré comme une formation initiale. Les frais pédagogiques sont moins élevés.”

 

Quelles sont tes propres impressions quant à ta reconversion ?

 

“Je ne regrette à aucun moment d’avoir débuté cette reconversion. Je suis très contente des cours, tout se passe très bien même si c’est difficile de gérer avec les enfants, les cours, le boulot à côté.

 

Vraiment je me sens totalement épanouie et je ne regrette absolument pas ce projet car je ne me projette plus du tout dans le métier d’IDE.

Après je pense qu’il faut prendre conscience qu’en se projetant dans le métier d’ergothérapeute, on reste quand même dans un métier du soin. Si on travaille en structure, je pense qu’il y aura des similitudes en termes de hiérarchie, de fonctionnement de l’hôpital.

 

Ce qui m’a aussi beaucoup aidé, c’est les groupes Facebook d’échange comme celui de Charlotte K parce qu’on se sent moins seule. On voit qu’on est plusieurs dans le même cas, on a les expériences des autres.

C’est vrai que j’ai très peu trouvé dans les groupes Facebook cette reconversion-là. Mais le peu que j’ai trouvé aide quand même à se projeter.

Et c’est pour ça aussi que je participe à cette interview. C’est vraiment pour partager mon expérience. Parce que c’est un métier qui est peu reconnu, peu connu de toutes façons même par les personnels soignants du paramédical. Et l’ergothérapie n’a pas forcément une image de soin. On a plus l’impression qu’un ergothérapeute joue avec ses patients mais ce n’est pas ça du tout. Et c’est un beau métier qui gagne à être connu.”

 

 

 

Ce format te plait et t’inspire ? Tu peux retrouver un article sur les avantages et les inconvénients du secteurs public et du secteur privé.

 

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