Témoignage d’Emmanuelle, une IDE en master Sciences de l’éducation, métiers de la formation des adultes.

Ce master forme des professionnels capables de créer et animer des formations pour adultes, en utilisant des méthodes pédagogiques modernes et des outils numériques.

Pendant 2 ans, les étudiants apprennent à concevoir des formations, analyser les pratiques, innover en pédagogie et utiliser les technologies éducatives. Ce diplôme permet de devenir formateur, ingénieur pédagogique, responsable de formation ou consultant. La formation combine cours théoriques et mises en situation concrètes.

Tu peux retrouver toutes les informations pratiques sur le site de l’université de Brest : Master sciences de l’éducation, métiers de la formation des adultes et pédagogies innovantes.

Je te redonne également le lien vers notre liste des masters accessibles après infirmier si tu cherches des idées.

Et maintenant, place au témoignage d’Emmanuelle.

Raconte-nous ton parcours

« En échec scolaire jusqu’à la fin de ma 3ème car j’étais une enfant multidys (dyslexique, dysorthographique, dyscalculique, dyspraxique, dysgraphique, TDAH). J’ai eu mon brevet des collèges sur dossier.

Selon quasiment tous mes professeurs de collèges, je ne serai jamais infirmière, métier rêvé depuis mes 3 ans car disaient-ils « tu es trop nulle, tu n’arriveras à rien faire de ta vie ».

Avec le soutien d’une prof de SVT, ma maitresse de CM1 et mes parents (merci, encore à tous les 4), j’ai enfin réussi à l’école en faisant un BEP carrières sanitaires et sociales, puis je suis allée en première SMS (sans adaptation) pour essayer d’avoir le bac que j’ai obtenu aux rattrapages (trop de stress et syndrome de l’imposteur).

J’ai d’abord été secrétaire médicale, puis assistante de garde d’enfant à domicile. J’ai repris mes études en tentant un concours pour l’école d’infirmières et j’ai réussi.

Après les 3 ans, je n’en suis pas sortie diplômée (encore une fois, trop de stress et syndrome de l’imposteur), mon stage DE a été un des pires stages de mes 3 ans et demi. Ca m’a permis de savoir quelle soignante je ne souhaitais pas devenir.

Je suis donc devenue aide-soignante en SSIAD.

J’obtiens mon DEI à 25 ans sous l’ancien référentiel. »

Quel est ton parcours une fois le DE en poche ?

« J’ai d’abord été IDE en soins intensifs et urgences puis en réanimation. J’ai fait un burn out avec un grosse blessure.

S’en ai suivi une longue convalescence avec plus d’un an d’arrêt maladie.

J’ai pu bénéficié d’un poste aménagé pour ma reprise, poste dans lequel je me suis éclatée pendant 3 ans.

Puis j’ai enchainé des postes d’infirmière coordinatrice remplaçante sur des arrêts longues durées (grossesse ou congé maternité ou arrêt longue maladie).

Courant 2019, j’ai préparé et passé le concours pour l’école de puéricultrice afin de créer une crèche et mon emploi.

J’ai obtenu ma place mais malheureusement à cause de la COVID et de l’augmentation importante du nombre de patients, mon employeur m’a refusé d’entrer en formation.

Je suis partie en disponibilité pour suivi de conjoint en janvier 2020.

Dans ma nouvelle région, j’ai d’abord exercé en labo où mon corps a dit STOP le premier jour de confinement. J’ai repris une fois le premier confinement levé.

A la suite d’une candidature spontanée, j’ai intégré en tant qu’infirmière coordinatrice au CLAT de mon nouveau département. Je me suis éclatée à la limite du burn-out. Puis, à la fermeture du service, je suis devenue infirmière coordinatrice en centre de vaccination. J’ai fini en bore out en m’ennuyant énormément chaque jour à pseudo travaillé.

J’ai été déclaré inapte après 30 mois d’arrêt maladie. »

Qu’as-tu fait pendant ton arrêt maladie ?

« Pendant mon arrêt maladie, j’ai fait une psychothérapie, un coaching personnel, le bilan de compétence Charlotte K, un programme Inclu’Pro, quelques formations en auto-financement et ainsi j’ai préparé mon renouvellement professionnel.

Une fois l’arrêt maladie levé, j’ai d’abord fait un titre professionnel de Conseillère en Insertion Professionnel (CIP) dont j’en sors titrée en mai 2024.

Parallèlement j’ai obtenu la certification de conseillère en évolution professionnelle des agents de la fonction publique territoriale et la certification de conseillère en insertion et évolution professionnelle des personnes handicapées.

Pendant mon triple parcours, je me suis aperçue que les offres d’emploi sont très rares, voire inexistantes, dans mon secteur géographique, donc j’ai regardé le champ des possibles. Ainsi, j’ai exploré à nouveau les masters. J’ai repéré ainsi le master Sciences de l’éducation Métiers de la formation des adultes et de la pédagogie innovante à l’université Bretagne Occidentale (UBO) de Brest.

Depuis septembre dernier, je suis en master 1 sur ce master. »

Comment as-tu trouvé ta nouvelle voie ? 

« Grâce à mon bilan de compétences Charlotte K avec Sandrine. »

Tu as suivi le bilan « de ma vie d’IDE à ma vie IDEale », dans quel état d’esprit étais-tu ?

« Au début, j’étais très très mal.

Mais j’ai joué le jeu, j’ai fait la plupart des exercices sauf baguette magique et la demande à mon entourage.

Voyant que je ne me résumais pas qu’au métier d’infirmière, j’étais peu inquiète pour mon avenir.

Donc, j’avançais avec de plus en plus de légèreté. J’ai ainsi pu bien amorcer ma préparation à mon renouvellement professionnel. »

Comment as-tu fait pour intégrer le master ?

Pour intégrer le master, j’ai fait une VAP sans accompagnement.

Si tu souhaites découvrir le parcours VAP d’Emmanuelle, RDV dans cette article : Quelle différence entre VAE et VAP pour les infirmières ?

Comment se passe le quotidien en master ? Quelle organisation as-tu maintenant ?

« Nous avons cours en moyenne une semaine par mois en présentiel et 3 jours en distanciel.

Les horaires sont très confortables à l’UBO, 9h30 à 12h30 et 13h30 à 16h30. Une matière par demi-journée avec le ou les mêmes formateurs.

Entre ces périodes, nous avons soit de l’autoformation (pas cours, pas de stage) soit des périodes de stages pour ceux comme moi qui ne sont pas engagés professionnellement.

Je pars à la semaine pour les cours, départ dimanche en fin d’après midi et je rentre le vendredi soir. J’ai pris une chambre d’étudiante chez l’habitant. Sur cette semaine de cours, je fais tout pour m’avancer dans mes apprentissages et le travail demandé.

Quand je suis en autoformation, je ne travaille que le matin, le début d’après midi et en fin de journée. 

En général, je m’arrange pour n’avoir aucun travail en présence de ma fille. Je reprends quand elle se couche vers 21h et jusqu’à 23h. Quand je suis en distanciel, je ne participe qu’au cours.

Il est rare que je travaille le soir sauf si devoirs surprises. Par contre, pour chaque cours je m’arrange pour relire les précédents la veille.

J’ai une grande rigueur dans mon temps de travail, mes heures de repas, mes heures de levée et de couchage. Egalement, je fais attention à ce que je mange. J’ai enrichi mes repas de complément alimentaire en Oméga 3 et en bon gras (une poignée d’amandes par demi journée de cours ou stage).

Pour les périodes de stage, je n’ai candidaté que proche de chez moi, à moins de 20 km. Je préviens que j’ai un besoin d’aménagement d’horaire (car j’ai des soins à 8h). J’ai fait le choix d’avoir 2 terrains de stage pour sortir de ma zone de confort en m’enrichissant professionnelle et en étoffant mon réseau professionnel.

Je ne travaille pas les soirs de stage sauf urgences. Et en général sur mes journées de stage, j’ai aussi le temps de travailler mes cours. Car nous devons avoir maximum 3 projets pendant nos périodes de stage.

Me concernant, la rigueur et l’organisation sont indispensables. »

Quels sont tes projets pour la suite? 

« Je cherche actuellement une alternance à temps partiel pour faire le M2 en 2 ans.

J’ai hâte de retrouver le monde du travail. J’ai plusieurs idées mais des nouvelles idées s’ajoutent à chaque rencontre (enquêtes métiers à réaliser pour le master).

A partir de juin, théoriquement je prends les rênes d’une association en tant que présidente. C’est une association de soutien, d’aide aux parents d’enfants en situation de handicap et aux adultes en situations de handicap (handicap du neurodéveloppement : dys).

J’y animerai des formations, des accompagnements avec l’équipe de bénévoles avec qui je collabore actuellement.

Et en parallèle, rester l’aidante de mon mari et ma fille en situation de handicap. Mon principal projet restera de profiter de chaque jour comme si c’était le dernier pour ne rien regretter et de prendre soins de moi. »

Quelles sont les difficultés d’une évolution professionnelle selon toi, et comment les dépasser ?

« La principale difficulté, c’est d’avoir un projet réaliste et réalisable.

Car malheureusement, il y a des métiers coup de cœur qui recrutent peu ou pas, d’autres en indépendant (non salariat) qui rapportent peu voire pas au début et les débuts peuvent être longs.

Puis, il y a l’histoire du financement de la formation quand on a besoin de financement et malheureusement, c’est un frein difficile à lever. Personnellement, j’avais mis en place des stratégies pour cela.

J’ai utilisé mon épargne perso pour celles de moins de 1000€, pour les autres j’ai exploré les moyens possibles. En cherchant des solutions, j’ai fait de belles rencontres qui ont contribué à trouver des solutions de financement. »

Comment gères-tu ta vie de maman et ton master en parallèle ? 

« Je suis maman d’une fille de 10 ans en situation de handicap.

J’ai monté mon projet avec elle et mon mari. Elle est venue avec moi aux portes ouvertes.

Je l’ai incluse dans mon projet. Impératif pour moi, je suis en cours pendant qu’elle est en cours.

Le soir, je suis disponible pour elle et ses rendez vous. Pour certains rendez vous, elle y va en taxi seule.

J’ai instauré ça pendant mon arrêt maladie au fur et à mesure. Sur le frigo, il y a mon calendrier scolaire. Le soir, c’est presque réglé comme du papier à musique. Le samedi, on planifie les repas pour la semaine à venir, on fait le ménage, les courses en famille. Dimanche, relache devant un jeu de société.

Me concernant, c’est la bonne organisation et d’avoir un agenda à jour (consultable par toute la famille à tout moment, merci google agenda) qui me permet de faciliter les choses. »

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans un bilan avec Charlotte K ?

« De le faire en étant prête de prendre du temps pour travailler ce renouvellement professionnel car il y a du travail à fournir entre chaque séance.

Ce travail doit être fait au calme donc s’organiser en amont pour avoir une solution de garde pour les enfants.

Et surtout, je dirais de le faire pour soi en étant écologique avec soi. »

5 conseils pour une infirmière qui souhaite reprendre ses études ?

« Seulement 5 c’est dur !

• Ne pas laisser de questions sans réponse
• Rester motivée, prendre soins (santé, mentale, alimentation, sommeil, morale) de soi et avancer pour soi
• Croire en soi sans se mettre la barre trop haute, valider sans les félicitations du jury est une honorable réussite
• Embarquer sa famille et ses proches dans son projet
• N’écouter que les gens positifs, encourageants, fières de notre projet donc à contrario ne pas écouter les pessimistes, les dubitatifs, les perplexes, les négatifs, les grincheux »

Un grand merci Emmanuelle pour ton témoignage. Toute l’équipe te souhaite le meilleur pour la suite de ton parcours et la réalisation de tes projets.

Ce format te plait et t’inspire ?

Je t’invite à découvrir le parcours de Robin, d’infirmier à cadre de santé

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