Infirmière de Santé au travail : quitter l’hôpital tout en restant dans le soin

A la rencontre d’un poste d’infirmière où la prévention prend le pas sur les soins techniques. Travail pluridisciplinaire, soins des salariés, organisation d’actions de formation … Je te dis tout sur le métier d’infirmière de santé au travail.

Infirmière de santé au travail : quitter l’hôpital tout en restant dans le soin

IDEST ou IST, Infirmière en Santé du Travail est une solution qui semble adaptée pour les IDE qui veulent quitter le milieu hospitalier, le stress, la pression et les horaires atypiques. Il y a dans ce poste une dimension accompagnement, prévention et formation très intéressante. Tu vas découvrir tous les détails ici, les missions, les conditions d’accès etc.

Qu’est-ce qu’une infirmière de santé au travail ?

L’infirmière de santé au travail (IDEST ou IST) travaille au sein d’un service de prévention et de santé au travail (SPST), qui regroupe plusieurs entreprises ou directement dans une entreprise spécifique.
Son rôle principal est de prendre soin, de préserver la santé physique et mentale des salariés tout au long de leur parcours professionnel.
Elle travaille en étroite collaboration avec le médecin du travail, dans une approche pluridisciplinaire qui associe également les services RH, la direction et les acteurs de la prévention (psychologue, ergonome, service sécurité, etc.).

Elle ne réalise pas de soins curatifs comme à l’hôpital, mais intervient en prévention, en écoute, en accompagnement et en conseil.
C’est une voie idéale pour les infirmières qui souhaitent quitter les soins techniques tout en restant proches du monde de la santé et de l’humain.

Les responsabilités d’une IST

Concrètement, l’IST est responsable de : 

• La continuité, la sécurité, la qualité des soins
• L’organisation des soins d’urgence
• La mise en œuvre de projet infirmier dans le sens du plan annuel du médecin
• L’organisation d’actions de formation, de prévention et d’éducation
• La gestion administrative du service
• Le maintien des relations professionnelles avec les organismes publics (COTOREP, CRAM, CPAM, AGEFIPH, ARACT)
• Le maintien des relations professionnelles avec les services de santé au travail, les services hospitaliers de pathologie professionnelle, les médecins traitants et spécialistes
• Le suivi médical, lors d’entretiens infirmiers tous les 2 ans : grille faite avec le médecin, mais à mettre en place prochainement.
• L’encadrement des étudiants infirmiers

Quelles sont les missions d’une infirmière de santé au travail ?

L’infirmière en santé au travail a pour rôle principal de préserver la santé physique et mentale des salariés au sein de l’entreprise.
Elle agit dans une logique de prévention, d’éducation et d’accompagnement, en collaboration étroite avec le médecin du travail, les services RH et une équipe pluridisciplinaire (assistante sociale, service sécurité, membres du CSE ou du CHSCT, etc.).

Les missions principales

Son activité s’articule autour de plusieurs axes :

• Le suivi de santé des salariés : elle réalise les entretiens infirmiers, les visites de prévention et le dépistage de certaines pathologies professionnelles.
• La prévention des risques professionnels : elle identifie les situations à risque (stress, troubles musculosquelettiques, exposition à des produits chimiques, etc.) et met en place des actions collectives de sensibilisation.
• La gestion des urgences : elle assure les premiers soins selon les protocoles médicaux et oriente si besoin vers le médecin du travail ou les secours extérieurs.
• Les actions d’éducation à la santé : elle mène des campagnes d’information sur la nutrition, le sommeil, les addictions, ou encore la gestion du stress.

Les activités techniques et administratives

En plus et comme partout, l’infirmière en santé au travail gère la partie logistique et organisationnelle du service.
Elle assure notamment :

• La planification des visites médicales et la coordination avec le médecin du travail.
• La tenue des dossiers médicaux et du registre des accidents du travail.
• La gestion de la pharmacie, du matériel et du budget du service de santé au travail.
• L’encadrement d’étudiants infirmiers et la participation aux bilans annuels d’activité

Quelles compétences pour être IDE en santé au travail ?

La Profession d’Infirmière de Santé au Travail au sein d’une entreprise requiert :

• Des connaissances des pathologies, de leur dépistage et de leur surveillance 
• Des connaissances des risques professionnels, de leur évaluation et de leur prévention, incluant les règles d’hygiène.
• Une implication et un investissement important
• Une bonne organisation et de la méthode
• Le sens du relationnel et de l’écoute
• Patience, disponibilité, discrétion
• Une volonté de travailler en équipe pluridisciplinaire
• Des connaissances diversifiées sur le monde de l’entreprise
• La volonté de se remettre en question et de faire des formations

Comment devenir infirmière de santé au travail ?

Pour exercer en santé au travail, il faut d’abord être infirmier diplômé d’État (IDE), puis suivre une formation complémentaire spécialisée :

La licence santé au travail

Accessible après le diplôme d’infirmier (tu peux intégrer la troisième année), cette licence santé au travail forme aux enjeux de prévention, d’évaluation et de gestion des risques professionnels.
Elle est particulièrement adaptée aux IDE qui souhaitent élargir leurs compétences vers la gestion des risques en entreprise ou occuper des fonctions de coordination et de conseil.
Certaines universités proposent cette licence en alternance, ce qui facilite la reconversion progressive depuis un poste hospitalier.

le DIUST, ou Diplôme Inter-Universitaire en Santé au Travail.

Cette formation d’environ 210 heures, réparties sur une année universitaire, alterne théorie et pratique. Elle s’adresse aussi bien aux infirmières déjà en poste qu’à celles qui souhaitent rejoindre un Service de Prévention et de Santé au Travail (SPST). Le programme aborde des thématiques variées comme la santé au travail, l’ergonomie, la toxicologie, les risques psychosociaux, la gestion des urgences, la communication ou encore l’éducation à la santé.

Le stage, partie essentielle du cursus, se déroule directement dans un service de santé au travail, sous la supervision d’un médecin du travail. Il est possible d’effectuer ton stage sur ton lieu de travail si tu as été embauchée sans la formation.

L’admission se fait sur dossier (CV, lettre de motivation, diplômes) après validation d’un avis pédagogique.

Dans la majorité des cas, le DIUST est financé par l’employeur, notamment lorsqu’il s’inscrit dans un projet d’embauche ou d’évolution interne.

Les masters en santé au travail

Pour aller plus loin, certains IDE choisissent de poursuivre avec un Master en santé au travail.
Ces formations (bac +5) permettent d’accéder à des postes à responsabilité : coordination d’équipe pluridisciplinaire, management de la prévention ou encore expertise en santé au travail au sein d’organismes publics ou privés.
Elles sont souvent suivies après plusieurs années d’expérience comme IDEST, pour évoluer vers des missions de pilotage et de formation.

Avec ton diplôme d’infirmière et en fonction des universités, tu peux accéder au master grâce à une VAP. Je t’explique tout dans cet article : différence entre VAE et VAP.

Ce que le décret de 2022 (arrêté de 2023) a changé.

Le décret n° 2022-1664 du 27 décembre 2022 impose qu’à compter du 31 mars 2023, tout infirmier recruté dans un SPST doit suivre une formation spécifique en santé au travail comprenant au minimum 240 heures d’enseignement théorique et un stage pratique de 105 heures. Comme je te le disais plus haut, tu peux t’engager à faire la formation après ton recrutement.

Si une infirmière a déjà des formations en santé au travail ou une expérience pertinente, l’organisme de formation peut lui dispenser « tout ou partie » du parcours théorique ou du stage.

Les IST en poste ont une marge de trois ans (jusqu’au 31 mars 2026) pour se conformer à ces exigences (formation + stage selon les cas).

Quel est le salaire d’une infirmière en Santé au Travail ?

Le salaire d’une infirmière en santé au travail (IDEST) dépend de plusieurs critères : l’ancienneté, le secteur (public ou privé), le type d’entreprise et le niveau de responsabilité.

Pour te donner une idée des chiffres :

• En début de carrière : entre 2 400 et 2 800 € brut/mois, soit environ 30 000 à 34 000 € brut/an.
• Profil confirmé (5 à 10 ans d’expérience) : entre 3 000 et 3 500 € brut/mois, soit 36 000 à 42 000 € brut/an.
• Postes expérimentés ou à risques (grands groupes, industrie, nucléaire, chimie, etc.) : jusqu’à 4 000 € brut/mois, soit environ 48 000 € brut/an.

Les IDEST bénéficient souvent d’horaires fixes, de week-ends libres et de meilleures conditions de travail que dans le secteur hospitalier, des avantages qui compensent parfois un salaire légèrement inférieur aux postes hospitaliers les plus techniques.

Et justement en parlant d’avantages …

Quels sont les avantages et les inconvénients du poste d’IST ?

Témoignage de Laëtitia, infirmière en santé au travail

« Infirmière depuis 18 ans, j’ai un parcours très varié. Je suis actuellement en santé au travail depuis 2022.

J’ai postulé à l’époque sans diplôme supplémentaire car ce n’était pas obligatoire. Mon entreprise m’a formée en interne. J’ai suivi la formation AGESTRA sur 2 ou 3 mois. J’avais des modules à valider au fur et à mesure.

Mon service est un peu particulier car c’est un service inter-entreprise. On part chez des clients différents. On travaille dans leur locaux avec leur fonctionnement. Je prends en charge les salariés mais aussi les autres personnels (cuisine, ménage …) pour les urgences.

J’ai eu la chance d’avoir un service extrêmement bienveillant, avec une grande marge de manœuvre. Au niveau des taches : visite sur protocole, les VIP à l’embauche ou régulière selon l’état de santé du salarié. J’avais un champ d’action large sur tout ce qui est prévention avec des moyens.

Les spécificités du travail dépendent vraiment de l’entreprise. On peut être très dépendante du médecin.

Avantages : grande liberté d’action, visite en fonction des demandes des salariés. Pas trop de journée-type, gestion des urgences en tous genres (physiques ou psychologiques). Pas de week-end, ni de jour férié, des vacances fixes sans dépendre des collègues. On peut développer beaucoup d’actions de prévention. Pas de tenue comme à l’hôpital et un bureau personnalisé ouvert tout le temps.

Inconvénients : pas de RTT dans mon entreprise (à négocier quand on postule) Il faut s’entendre avec son binôme, infirmière oui médecin. Le salaire n’est pas élevé (2000 euros net/mois), il ne faut pas hésiter à négocier. Pas de prime Ségur en Santé au travail. En cas de coup de mou, pas d’équipe pour débriefer. »

« Le métier d’infirmière en santé au travail est de plus en plus demandé car on nous accorde de plus en plus de compétences. Et ça va continuer d’ailleurs. »

Foire aux questions

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Rédigé par Charlotte Kerbrat

À propos de Charlotte Kerbrat

Fondatrice de Charlotte K, j’accompagne les infirmières dans leur évolution de carrière via des bilans de compétences et des contenus pédagogiques. Auteure de “Infirmière : je fais quoi après ?”, j’anime des conférences, forme une équipe de coachs et j’interviens régulièrement dans les médias pour porter la voix des IDE.

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